La plumasserie amérindienne

Les Plumes et Parures d'Amérique du Sud

L'art de la plumasserie en Amérique du Sud remonte loin dans le temps, à l'époque pré colombienne.

 

Il est évidemment très lié à la richesse des ressources plumassière du territoire, notamment en Amazonie qui recèle 1300 espèces d'oiseaux. Parmi eux, un bon nombre est paré des plus belles plumes qui soient : quetzal, colibris, paradisiers, toucans ...

 

Les amérindiens ont développé des techniques de travail raffinées autour de ces plumes, notamment pour élaborer des coiffes qui ne se contentent pas d'être des ornements mais qui représentent les attributs du pouvoir.

 

Cet article vous en donnera un rapide aperçu qui, je l'espère, vous fera vagabonder avec bonheur dans les mystères de la forêt amazonienne !

Le Quetzal (qui signifie "grande plume verte") est emblématique des oiseaux rares d'Amérique du Sud. Il était un oiseau sacré chez les Mayas et Aztèques et il a d'ailleurs inspiré le mythe du Dieu serpent à Plumes "Questalcoalt" apparu au Mexique dans la culture Téotihuacan (iconographie extraite du codex Magliabechiano).

 

Le quetzal est même présent sur les armoiries et la monnaie du Guatémala.

 

La magnifique coiffe aztèque ornée des plumes vertes du quetzal date du 15ème s. et aurait appartenu au roi Metecuhzoma (Mexique).

C'est bien sûr la beauté de ses plumes et leur rareté qui justifie que cette parure soit réservée à l'élite de la société de l'époque.

Une des techniques très élaborée et développée par les amérindiens est le tapirage : il s'agit de modifier la couleur des plumes sur un oiseau vivant.

 

Ainsi au Brésil notamment, dans la région du Mato Grosso, on frottait la peau dénudée d'un perroquet de couleur verte avec un mélange de sang et de graisse de poisson (mais la recette est sujette à débats..., il pourrait aussi s'agir d'un régime alimentaire modifié), ce qui permettait à la repousse des plumes que celles-ci prennent une coloration jaune orangé !  On parle alors de plumes tapirées.

 

Cette somptueuse parure fabriquée au 20ème s. par l'ethnie Enawené Nawé en est un bel exemple que l'on peut admirer au musée du Quai Branly à Paris.

On comprend sans peine que la beauté et l'étrangeté de certains oiseaux d'Amérique du Sud aient tant inspiré les coiffes et ornements des amérindiens vivant sur ces territoires où la Nature a donné libre cours à sa fantaisie !

 

Le petit oiseau présenté sur la gauche est le moucherolle royal ou porte-éventail roi, paré de sa superbe crête de plumes orangées et tachetées de noir. Le suivant, est le coq-de-roche, l'oiseau emblèmatique du Pérou. C'est pourtant en Colombie, dans la ville de Jardin, que je l'ai rencontré : si sa morphologie est déjà une surprise en soi avec son casque orangé recouvrant le bec, son chant (ou son cri) semble venu d'ailleurs : c'est un étrange son très rauque venu de la gorge qui, quand les oiseaux sont regroupés, fuse à qui mieux mieux parmi les arbres.

C'était une rencontre fascinante !

 

La parure du chef Raoni, prix nobel de la paix, ou celle portée par ce jeune homme de l'ethnie Kapoyo, évoquent toute une symbolique autours du cosmos et de la nature.

Le toucan, ce magnifique oiseau doté d'un bec hors norme, orne traditionnellement de ses plumes les bandeaux de tête fabriqués par les Jivagos au Pérou et en Equateur.  

Le chamane en particulier porte cet ornement spécifique. Sur la photo suivante, on peut distinguer la tête entière de l'oiseau sur ce décor en plumes et fibres..

 

 

 

 

Un dernier petit bonus : voici un morceau d'une chemise ornée de plumes que j'ai photographiée au musée LARCO à Lima.

Il s'agit d'une oeuvre issue des civilisations dites Huari et Nasca (comme les lignes) dont l'histoire s'étend sur la période du 9ème au 14ème siècle après JC.

La chemise, sans manches, s'apparente à un poncho avec un trou central pour passer la tête.

Imaginez les milliers de plumes utilisées, la patience et le savoir-faire pour les collecter et les coudre une à une !

 

Voilà, notre petit tour d'horizon des merveilles de la plumasserie amérindienne en Amérique du Sud est fini ... du moins pour cette fois ! Et si vous voulez en voir plus, je ne peux que vous recommander de filer au musée du Quai Branly à Paris !

 

 

Pour conclure, j'espère de tout coeur que vous partagerez avec moi vos réactions à la lecture de cet article en laissant votre commentaire ! Merci d'avance !

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Commentaires: 2
  • #1

    le flahec Em (mercredi, 20 avril 2022 16:30)

    merci beaucoup
    c'est très intéressant , passionnant, et magnifique !

  • #2

    Caroline (lundi, 16 mai 2022 07:41)

    Superbe et extrêmement bien documenté ! J’ai appris plein de choses , merci et bravo !